Alexandre Guys

C'est devant une salle archi-comble que s'est déroulée la représentation de Guillaume Tell avec le fort-ténor M. Alexandre Guis (sic) qui a de nouveau fait entendre une voix étonnante de puissance avec un médium de baryton d'opéra. Au trio, il eut un ut dièse d'une force paradoxale. Il fut acclamé par un public enthousiaste.

Lyrica Janvier 1930
07.11, pour le centenaire de l'oeuvre, Guillaume Tell (triomphale reprise) ...
Spécialiste du rôle d'Arnold, M. Alexandre Guis (sic), prince de l'ut dièze (sic), a emballé son auditoire par la prodigieuse facilité de sa voix étendue et timbrée à escalader les plus hautes cimes du registre aigu du fort ténor. Il jongle avec les ut de poitrine, il en ajoute même à ceux dont fameux ténor Duprez établit autre fois la tradition. Son succès a atteint la proportion d'une ovation délirante dans l'air du dernier acte Asile héréditaire, trissé par lui avec autant d'aisance.

Lyrica, Septembre-Octobre 1930
M. Guys – ancien élève de notre Conservatoire – est incontestablement une sorte de phénomène vocal. Son organe semble même avoir la coquetterie de garder sa meilleure qualoté pour la quinte aiguë, puissance, couleur , richesse de timbre, facilité, etc., tout pour elle: les ut et les ut dièze fusent, jaillissent éclatent à chaque phrase. Entraîné par les effets excessifs de cette quinte, on doit bien admettre que les autres qualités sont traitées quelque peu en parents pauvres. Entre le violon qui chante et le clairon qui trompette, M. Guys a radicalement opté pour le clairon dont les sonorités métalliques dépassent les ouragans de la fosse et des choeurs, et lui valent les ovations de public. Je ne puis cacher que les amateurs de jolies phrases bien chantées n'y trouvent pas toujours leur compte et que l'excès de cuivre est parfois un défaut; la plupart des fort-ténors n'en ont pas assez, celui-ci en a trop, soyons philosophe, faisons une moyenne. (...) Soyons justes avec M. Guys: comme il est l'un des derniers ténors capables de chanter Arnold, on ne lui demande plus que ce rôle, il l'a chanté paraît-il près de cinquante fois cet hiver. Avouez qu'il y a de quoi décaler les larynx les plus solides. Il faut aller l'entendre comme on va voir un géant, c'est un géant vocal. Une quinte aiguë pareille, cela vaut d'être entendu!
Typical Parisian review from Lyrica.